S’engager

Associations: « Je me suis engagée parce que j’ai été aidée »

Marie-Françoise, Eliane et Myriam consacrent une partie de leur temps à des activités de bénévolat à Lannion. Toutes ont eu besoin d’aide à un moment de leur vie, et cela les a poussées à s’engager à leur tour pour les autres.

« Les gens se confient plus à moi qu’à une structure institutionnelle. » Avec ses lunettes baissées qui lui donnent un air de mamie bienveillante, il est vrai que Marie-Françoise Richard, du haut de ses 70 ans, inspire confiance. Présidente de l’association de quartier Vitacité, elle accueille les habitants dans son local au quartier des Fontaines pour des services de couture mais aussi et surtout de la compagnie. De leur côté, Eliane Henry et Myriam Pierre animent l’association de quartier le P’tit café, à Ar Santé. Cafés, ateliers, jeux de société… pour une dizaine d’euros par an, cette structure accueille les voisins et les voisines pour créer du lien social. En 2021, les bénévoles ont aussi confectionné des centaines de masques en tissus pour les familles du quartier qui « ne pouvaient ainsi plus rien faire » car elles « n’avaient pas les moyens de s’en procurer », explique Eliane. Avec près de 300 associations actives, Lannion ne manque pas de bénévoles. S’investir pour les autres était essentiel pour ces trois femmes qui ont souhaité renvoyer l’ascenseur. 

Un engagement fort

Avant d’être bénévole, Eliane était de l’autre côté. « A l’âge de 40 ans, j’ai été atteint d’une leucémie, ce qui m’a conduit à devoir solliciter des associations caritatives pendant de nombreuses années. » Aidée par le centre alimentaire du Trégor pendant presque huit ans, en tant que mère au foyer de quatre enfants et du fait de sa maladie, elle a souhaité s’engager à son tour en 2018, dans cette même banque alimentaire. Elle y est bénévole tous les jeudis après-midi, en plus de plusieurs heures par semaine dédiées à la logistique du P’tit café . « L’élément déclencheur qui a fait que je me suis engagée, c’est que j’ai été aidée » , explique-t-elle d’une voix posée, avec un léger sourire.

« L’élément déclencheur qui a fait que je me suis engagée, c’est que j’ai été aidée »

Eliane Henry

C’est le cas aussi de Myriam, bénévole aux côtés d’Eliane au sein du P’tit café qui organise deux fois par mois, des ateliers de décoration. Âgée de 55 ans, Myriam a toujours cumulé les petits boulots de caissière à vendeuse de vêtements, jusqu’à auxiliaire de vie pour subvenir à ses besoins. Victime ensuite de plusieurs accidents du travail, elle a été contrainte de stopper définitivement son activité professionnelle. Seule, elle a dû solliciter l’aide des Restos du cœur, ce qui l’a poussée à s’engager pendant plusieurs années dans cette même association. « Pour moi, c’était une évidence de faire du bénévolat dans l’association qui m’aidait quotidiennement », se souvient celle qui s’est si souvent rendue aux locaux de l’association en bus. Contrainte d’arrêter ces trajets du fait de ses soucis de santé, elle reste bénévole depuis deux ans au P’tit Café, à côté de chez elle, pour mettre au profit de toustes son imagination débordante. 

« Pour moi, c’était une évidence de faire du bénévolat dans l’association qui m’aidait quotidiennement »

Myriam Pierre

Une pratique rare 

Pour Marie-Françoise, présidente de Vitacité, le fait de s’investir dans une association de quartier est davantage lié à une dimension d’ancrage local. « Quand on vit dans un quartier de logement social où le collectif a une place importante, je trouve normal de s’investir pour les autres. »  Selon la présidente du centre alimentaire du Trégor, Josseline Le Gueuziec, cette pratique consistant à « s’investir en tant que bénévole dans une association caritative après avoir été aidé est assez rare. » Dans cette association, sur une trentaine de bénévoles actifs·ves, seules deux personnes mènent une activité bénévole tout en étant aidées. Des mamies rassurantes comme Marie-Françoise se font de plus en plus rares.