Endurer

Citoyen sans-papiers

Moussa. Jeune demandeur d’asile malien de 24 ans, cet ancien joueur au Lannion Football Club est jardinier et bénévole pour les Restos du cœur.  

Cheveux courts noir,s regard perçant, fine barbe et survêtement gris. Moussa est Malien. Arrivé à Lannion en 2020, il est hébergé en colocation dans le quartier Ar Santé Les Fontaines. Le jeune homme de 24 ans prépare un recours à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) pour devenir citoyen français. À Servel, par force de ses bras et à la courbure de son dos, Moussa « récolte des choux, des patates » pour le compte des Restos du Cœur. 

Moussa est un jeune demandeur d’asile malien de 24 ans. Il aime particulièrement être dans la cuisine, son endroit préféré dans la colocation. (Crédit photo : Stéphane Duprat)

Un oncle encombrant

Moussa replonge dans sa mémoire et crayonne son année passée à porte de la Chapelle, à Paris. Arrivé en bus de Marseille en 2019, il doit mendier pour se nourrir. À cette période, « j’étais habitué à tout, à la violence, mais aussi à la sympathie des personnes », souffle Moussa. 

Ses parents sont tous deux décédés alors qu’il n’avait que cinq ans. Il a été élevé par son oncle au Sud-Est du Mali. Lui et ses comparses  » venaient souvent à la maison armés, mais moi je pensais que c’était normal”, lance le jeune homme. Encore gamin, il voulait suivre l’école “comme les autres enfants”. Mais son tonton, croyant intégriste, l’inscrit à la médersa, l’école coranique.

« J’étais habitué à tout, à la violence, mais aussi à la sympathie des personnes » 

Moussa

L’oncle est proche d’un chef djihadiste malien recherché par l’armée française. Moussa et son père de substitution sont contraints de vivre cachés dans la capitale, Bamako.

Tel un conteur, le jeune Malien offre le récit de sa vie. Sur son chemin, il suscite l’intérêt, provoque l’émotion et, parfois même, la bonté des personnes qu’il croise. De Marseille à porte de la Chapelle, il a pris un bus. Ticket offert par le conducteur, pris d’empathie pour lui.

Préparer la citoyenneté papier 

Pour Moussa, le sport est vecteur d’insertion. Chaque samedi, il joue au foot avec ses colocataires et d’autres jeunes du quartier. C’est là qu’il a connu Karifa, un de ses amis les plus proches. “C’est un point de rencontre.” 

Pendant quelques mois, le jeune footballeur a même fait partie de l’équipe de National 3 du Lannion FC. Seulement, les entraînements devenaient de plus en plus intensifs et réguliers, incompatibles avec ses démarches pour obtenir un titre de séjour. 

Voici deux mois que sa demande a été refusée. Amer, Moussa explique que la personne chargée de lui poser les questions n’arrivait pas bien à le comprendre.

Il pense que les relations terroristes de son oncle lui ont porté préjudice, mais ne s’est pas arrêté là. Il a pris un rendez-vous à la sous-préfecture des Côtes-d’Armor qui lui a fourni un récépissé l’autorisant à rester six mois en France. Aujourd’hui, Moussa suit les conseils de son avocat pour monter son dossier de demande auprès de la CNDA. “Eux, ils connaissent ce qui se passe au Mali”, appuie l’exilé. Moussa espère obtenir le statut de réfugié politique.