S’engager

“Tout devrait être accessible pour les seniors, surtout les sites web.”

Le 25 et 26 février se déroulait le challenge Ada Lovelace au lycée Le Dantec de Lannion. 57 lycéennes venues de Bretagne ont eu 48 heures pour créer un site internet sur le thème d’une “société plus inclusive”. Rencontre avec ces jeunes femmes qui aident leurs concitoyens grâce au codage informatique.

“Elles s’y connaissaient peu, mais s’entraident” commence Solenn Talleu en évoquant le concours. “C’est même une manière de s’inclure entre elles, c’est paradoxal” rajoute  l’étudiante de 20 ans, en 2ᵉ année d’informatique à Lannion. Elle fait partie des 19 tutrices volontaires qui ont aidé les lycéennes à créer un site internet sur le thème d’une “société plus inclusive” durant le concours Ada Lovelace. Il est vrai que les jeunes femmes en 3ème et seconde n’ont eu, avant le challenge, que 5 heures de formations sur le langage informatique, aussi appelé codage. Difficile donc de construire et coder un site web en 48 heures puis de le présenter au jury composé de 13 professionnelles. Yona, Enora et Lucie, 15 ans et en seconde au lycée Le Dantec, s’installent sur une table à la médiathèque de Lannion. Lunettes sur le nez, elles viennent à parler de leur site “Atout’ âge” créé le samedi 24 février. Pensé pour faciliter l’accès à internet aux personnes âgées, il est le lauréat de l’édition 2022.

Le thème, sur l’inclusion, était large alors on a mis du temps à trouver une idée” commence Yona, accoudée sur la table. Après des recherches, elles ont pensé à leurs grand-parents qui ont régulièrement du mal à utiliser le web. Dans le discours qu’elles ont écrit pour la présentation au jury, les jeunes filles détaillent : “on a tous déjà aidé nos aînés qui ont du mal avec les ordinateurs, les formulaires administratifs et autres. On fait face à une vraie fracture numérique”. Selon l’INSEE en effet, (1)17 % de la population en France est en difficulté, voire en incapacité à utiliser les appareils numériques et les outils informatiques. Leur site permet justement aux personnes âgées de naviguer plus simplement. Il propose aussi sur une même page les différents transports possibles pour aller autant dans Lannion qu”à Rennes, mais aussi des idées de balades dans le coin.

Lucie sort son téléphone et montre la page d’accueil : simple au possible, lisible grâce à une police plus grande, intuitive. “J’appelais ma grand-mère pour lui demander si elle comprenait telle ou telle fonctionnalité du site pendant la création. Ça nous a vraiment aidées.” sourit Yona.

Citoyenneté numérique

Si l’idée de citoyenneté numérique est présente dans les projets, sa définition reste difficile à appréhender pour les lycéennes. Les tutrices quant à elles, n’hésitent pas à développer : “En tant qu’étudiante, être citoyenne, c’est aider les gens si on peut, c’est une question de principe, de valeurs.” explique Solenn après un temps de réflexion. Pour Chloé Fournier, 19 ans, la citoyenneté passe aussi par internet : “Tout devrait être accessible, surtout les sites web. Quand on fait un site, le premier truc auquel on pense, c’est les utilisateurs.”

Aider les gens, c’est aussi ce qu’on inculque dès les premiers cours de codage informatique à l’IUT, se rappelle Chloé : “Si vous faites un site web, ce n’est pas pour vous, c’est pour que ce soit lisible et que ce soit adapté à tout le monde”. Pour l’étudiante de deuxième année en informatique, le thème imposé du challenge a vraiment été l’occasion de sensibiliser les jeunes à la notion d’inclusion, de les faire réfléchir ensemble. “C’est intéressant, parce que dans les sites web, il faut prendre en compte les difficultés des personnes, penser aux couleurs pour les daltoniens, aux polices pour les déficients visuels. En plus du fond, on pouvait adapter la forme pour les personnes”. Elle prend d’ailleurs l’exemple de sa sœur jumelle en fauteuil roulant qui “ne peut accéder partout, que ce soit sur les trottoirs ou dans les magasins”.

Si le codage informatique n’est pas spécialement en ligne de mire pour les lycéennes, sauf Lucie, une chose est sûre : “comme ce projet a pu aider des citoyens, je veux que mon métier serve à d’autres” affirme Enora en se levant.

1 https://www.insee.fr/fr/statistiques/4241397, étude parue en octobre 2019. Elle signale aussi que 53 % des 75 ans ou plus n’ont pas accès à Internet