(De gauche à droite, Hanane Akaou, Audrey, Blandine Menguin, Atifa et Élysa Morsh dans la maison de quartier aux Fontaines. Crédit photo : Stéphane Duprat)
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Quartier libre, une initiative des Fontaines

Maison de quartier. Tous les mardis, de 16 à 19 heures, la liberté prend ses quartiers aux Fontaines. Parents et enfants se retrouvent à l’heure du goûter pour partager un moment de vie et d’information. Une convivialité animée par des éducateurs·trices de prévention spécialisé.

« Ça nous fait une pause le mardi soir », apprécie Élysa Morsh, habitante du quartier et ancienne agente de propreté de l’IUT de Lannion. Depuis septembre dernier, elle vient tous les mardis aux alentours de 16 heures, pour voir ses amies, Atifa et Barbélilé. Toutes les trois sont assises à l’une des tables dépliées, dehors, devant la Maison de quartier des Fontaines. Au pied de la bâtisse colorée, “Quartier libre” est un point de rencontre pour tous les habitant.es, le temps d’un café ou pour un moment de détente en fin d’après-midi.

Près de la table gavée de compotes à la fraise, de jus d’orange ou de gâteaux, on peut entendre des voix d’écoliers et d’écolières demander poliment du rab. « J’ai acheté des Pitchs, j’ai pensé à toi, tu vois que je ne t’ai pas oublié », clame Maude Couteller, agente de développement social au centre Saint-Elivet. Chaque mardi après-midi, avant le goûter, elle fait les courses et pense aux péchés mignons de chacun.es.

Maison du partage 

« C’est un lieu qui permet de consolider les liens. On le remarque très peu, mais les jeux de société renforcent les liens dans la famille », observe Blandine Menguin, animatrice à la Ville de Lannion. Dans un joyeux bazar festif, adultes comme enfants profitent de la farandole de jeux de plateaux, jeux découverte ou encore jeux de cartes. 

L’animatrice souligne l’importance de la consolidation des liens entre les habitant.es du quartier. « C’est une dynamique qui a été perdue pendant les grandes vagues de la pandémie. » Les habitant·es hésitaient à sortir et n’osaient pas forcément nouer des liens. Après les confinements, les gens ont mis du temps à revenir. Le local a fait rebattre le cœur des Fontaines, animateur·trices et coordinateur·trices ont proposé de multiples projets.

« On le remarque très peu, mais les jeux de société renforcent les liens dans la famille », observe Blandine Menguin, animatrice à la Ville de Lannion.

À table, Élysa, Atifa et Barbélilé racontent l’ordinaire récit de leur rencontre. Toutes trois mères d’écolier·es de Morand-Savidan, se sont connues grâce à leurs enfants. Au moment de venir les chercher, elles ont commencé à discuter, c’est là qu’est né leur relation. Entre deux gorgées de thé chaud, Barbélilé rajoute : « Ici, ça fait du bien pour les enfants, mais ça nous fait une pause aussi ». La mère de famille échange avec ses deux amies sur sa vie, les petits soucis du quotidien ou de son travail. Élysa précise qu’elles ont connu le “Quartier libre” grâce aux animatrices postées à l’arrêt de bus de l’école.   

Lorsque « l’on propose une animation, une action aux Fontaines, on placarde des affiches dans les autres quartiers, à Pen Ar Ru ou à Ker-Uhel, pour que tout le monde puisse venir », espère Hanane Akaou, adjointe d’animation à l’association Beauvallon, partenaire qui accompagne les enfants et jeunes à travers des actions de prévention et de protection de l’enfance.

Quartier libre pour l’apprentissage 

Audrey, coordinatrice et éducatrice spécialisée, explique succinctement que le “Quartier libre” a été créé aux alentours de 2008. « L’objectif pour Claude Briant, (éducateur co-fondateur de l’action) c’était de combler les lacunes de cohésion sociale qu’il y avait dans le Trégor », ponctue Blandine. 

L’animatrice explique l’importance de l’apprentissage des langues. Avec humour, elle rappelle les débuts de dur labeur qu’a vécu Maude pour apprendre l’arabe. Au détour d’une conversation et piquée par la curiosité, l’animatrice questionne Atifa, une jeune mère afghane, sur sa langue. « Je parle le dari, le dialecte afghan du farsi (persan) et c’est très différent du pachtoune. Aucun mot ne se ressemble, c’est incompréhensible ». Toutes les deux décortiquent quelques ambiguïtés de langages, des quiproquos. Un échange qui témoigne que, chaque mardi, le partage se fait…

Pratique Quartier libre à la maison de quartier des Fontaines. Tous les mardis de 16 h 30 à 19 h, rue Emmanuel-Sieyes. Accès libre, sur inscription pour les enfants. Contact du centre social Saint-Elivet : 02 96 37 97 87.